mardi 8 janvier 2008

Le tonbak dans la musique des différentes régions de l'iran

Les articles qui vont suivre sont des traductions d'un livre en persan, "dâyera al ma'âref-é sâzhâ-yé irân" (l'encyclopédie des instruments de musique iranien), plus précisement du tome 2, consacré aux percussions iraniennes. Chaque article sera consacré au tonbak dans une région précise de l'Iran. Il est fort probable que je fasse pas la totale en deux temps trois mouvements alors patience amis zarbophile/tonbakophile.
ps 1: Je n'avais pas encore fait la remarque mais tonbak et zarb, ce sont deux mots pour le même instrument. Zarb venant de l'arabe et tonbak étant le mot persan. Comme en Europe on utilise généralement le mot zarb, j'ai de prime abord utilisé ce mot ci. Mais dans la mesure où en Iran on ne parle que de tonbak, je vais désormais uniquement utiliser ce mot là, histoire de rendre honneur aux iraniens. Non mais quand même....
ps 2: Ce livre est publié par Mahoor. Je le conseille fortement à tout les persanophones, c'est un travail vraiment exceptionnel qui a été réalisé là! Je pense que ça doit être commandable sur le site de mahoor en Iran.

1/ Hormozgân

La présence du tonbak retient plus l'attention à Bandar Tchârak, Bastak, et Minâb que dans les autres régions du Hormozgân.

A/ Bandar Tchârak

Dans ce port, pour l'accompagnement du gheytchak (instrument à archet), qui est appelé tchang dans cette région, on utilise un ou deux tonbak. Et pour l'accompagnement du ney anbân
("cornemuse" iranienne), et du sornâ (instrument à vent à hanche), appelés respectivement hambouné et sâz dans cette région, on utilise six ou sept tonbak. Dans ce port, les joueurs de tonbak jouent aussi bien assis, que debout, ou en mouvement. Ce sont le plus souvent des gitans qui depuis 20 à 30 ans se sont installés dans les différentes régions du Hormozgân. Les gitans de cette région, qui dans le passé se déplaçaient vers l'ouest jusqu'à Boushehr, vers l'est jusqu'au Baloochestân, et vers le nord jusqu'au Fârs et vers Kermân, sont la cause du passage des phrases du gheytchak baloutche et du ney anbân de Boushehr dans le jeu des instruments des différentes régions du Hormozgân. On peut également voir la même cause à la présence du tonbak dans ces mêmes régions. En général les joueurs de tonbak gitans, qui jouent dans les cérémonies de mariage et les fêtes de circoncision, dansent et font des acrobaties aux différentes étapes d'un mariage, pendant qu'ils jouent.
Les tonbak examinés à Bandar Tchârak étaient le plus souvent anciens, ils avaient dans les 100 ans. Ces tonbak sont en bois et de tailles différentes. Les joueurs de tonbak lorsqu'ils sont debout ou en mouvement, accroche le tonbak à leur épaule ou autour de leur cou avec une lanière en cuir, et place le tonbak sous le bras. A Bandar Tchârak, les femmes aussi jouent du tonbak dans les fêtes entre femmes.
Les techniques de jeu du tonbak dans les différentes régions d'Iran sont généralement très simples, comme dans la musique "classique" ou dastgâhi d'il y a une cinquantaine d'année (avant le travail de musiciens comme Téhrâni, Farhang Far ou Rajabi). Elles comprennent le "tak" (aigu produit en frappant la peau sur le bord), le "tom" (basse produite en frappant la peau au centre avec la main bombée), le "pleng" (son aigu produit par un claquement de doigt sur le bord de la peau), et deux types de roulement: plein (riz-é por, à huit doigts) et simple (riz-ésâdé, à deux doigts, avec l'annulaire de chaque main).
Dans l'examen général des différents styles de jeu du tonbak dans les différentes régions d'Iran nous observons que l'indépendance des deux mains n'a pas du tout d'importance alors que la mémorisation du déroulement rythmique d'un morceau et le fait de savoir faire monter l'intensité de la musique a toute son importance.
Les noms de familles de beaucoup de musiciens gitans à Bandar Tchârak et à Bastak sont Rameshniâ, Rameshkâr, ou Khoshnavâz. Ces musiciens sont connus à Bandar Tchârak comme des motreb (musicien de divertissement); à Herang et dans les villages de Bastak ils sont appelés Pahlavân; et dans les régions arabes du Hormozgân, ils sont connus commes des lowti.
Les tonbaks de Bandar Tchârak sont en noyer et on y utilise des peaux d'agneau.


mercredi 15 août 2007

Comment ça marche?

Alors voilà un petit solo "éducatif". Vous allez le constater il y a une horrible mélodie qui tourne en boucle en fond. Pourquoi l'avoir laissée? Parceque son rôle est de donner le cycle à l'intérieur duquel mon solo est construit. Elle vous permet de voir comment se situent mes phrases dans le temps. Mais pourquoi avec un son tout nul? Et bien parce que je n'avais que ça sous la main. (En fait c'est une horrible machine qui vient d'Inde et qui a pour rôle avoué de torturer les percussionistes)
Et sinon dans quelques temps je vais rajouter une deuxième vidéo accompagnant celle-ci, vidéo donnant les explications sur la construction et le phrasé du solo. Avec pour les zarbistes plein de plans à récupérer et pour les non-zarbistes mais curieux, la possibilité de voir un peu comment ça marche

Petit solo éducatif en 8 temps

Explications de la première partie

Explications de la deuxième partie

mercredi 8 août 2007

Cours et contacts

Alors, si vous voulez des cours ou que vous avez des questions particulières voilà mes coordonnées
06 18 90 75 73
antoinemorineau@yahoo.fr
Moi je suis sur paris mais si vous cherchez sur un autre endroit appelez moi et on verra ce qu'on peut faire, si j'y connais quelqu'un.
Amis zarbistes: "à vos zarbs!!"

dimanche 22 juillet 2007

Nâsser Farhang Far



Biographie:

Nâsser Farhang Far est né en 1947 à Rey. Il commence le tonbak à l'âge de 7 ans et n'ayant pas de tonbak à ce moment il utilisait des cruches sur lesquelles sa mère tendait des peaux.
Au début son père ne voulait pas qu'il joue du tonbak mais qu'il fasse de la calligraphie, et finalement Farhang Far pratiqua les deux.
Son père qui travaillait à la préfecture de police, jouait du târ pour lui-même et son oncle jouait du tonbak et chantait.
Nâsser commença à apprendre le tonbak auprès de Mohammad Turkamân, l'un des bons élèves d' Amir Nâsser Eftetâh. Il rencontra Hossein Tehrâni par la suite à une soirée et Nâsser pris quelques cours avec lui par la suite. Tehrâni lui conseilla d'aller apprendre l'écriture chez Mohammad 'Esmâïli. Ainsi, il alla travailler le livre de Tehrâni (qui était manuscrit à cette époque) avec 'Esmâïli.
À partir de 1963, il alla apprendre la calligraphie auprès des grand maîtres de son époque suivant le désir de son père. Il s'y consacrera pour son plaisir jusqu'à la fin de ses jours.
Dans les mêmes années, il alla chez Hossein Yekrangi et Soleymân Amir Ghâssemi, qui étaient maîtres de chant et du radif. Et leurs demeures étaient aussi lieux où se retrouvaient les grands de cette époque.
En 1970, sur le conseil de son ami Dâvoud Gandjéï (kamântché), qui habitait le même quartier, il alla à l'Université des Beaux-Arts voir Nûr 'Ali Borumand (târ) et Dârioush Safvat, et après les examens, il fut accepté en qualité de professeur. Il y appris aussi beaucoup sur le style de jeu ancien du tonbak et sur le zarbikhâni avec Borumand et Abdollâh Davâmi (chant). Il y travailla également l'accompagnement avec Asghar Bahâri (kamântché), Sa'id Hormozi (setâr), et Youssef Foroutan (setâr).
En 1971, il remplace Bahman Rajabi, qui n'était pas disponible, et donne son premier concert à la télévision iranienne avec Asghar Bahâri et Lotfollâh Majd (târ).
En 1973, il travaille avec Maurice Béjart en Belgique et la même année, sur le conseil de Borumand, il commence à apprendre le setâr et essayera d'obtenir une licence aux Beaux-Arts mais il y renoncera un peu plus tard. Mohammad Taghi Mas'oudieh lui aurait dit: "Tu es un maître du rythme et du tonbak, c'est dommage que tu perdes ton temps à étudier le contre-point, l'harmonie..."
En 1975, il alla travailler avec Robert Wilson aux Etats-Unis.
Nâsser Farhang Far sinon aura surtout joué avec Mohammad Rezâ Lotfi (târ, setâr), Mohammad Rezâ Shadjariân (chant) et Parviz Meshkatiân (santûr).
En plus de connaître les différents styles de jeu du tonbak de son époque, Nâsser avait développé un style de jeu nouveau alors qu'il n'avait pas encore 30 ans. Aujourd'hui tout les jeunes joueurs de tonbak sont, directement ou indirectement, influencé par sa technique et son phrasé.
Nâsser eut également des problèmes avec, entre autres, l'opium, et à la fin de sa vie il avait de gros problèmes de santé. Il décéda en 1997.


Vidéos de Nâsser Farhang far

Lotfi et Farhang Far, pishdarâmad-é Shahnâzi, âvâz-é bayât-é tork
Lotfi et Farhang Far, tchâhârmezrâb-é râstpandjgâh


dimanche 8 juillet 2007

Hossein Tehrâni


Tehrâni c'est le type à droite (petite précision: le zarb et le tonbak c'est le même instrument)

Biographie

Hossein Tehrâni est né en 1912 à Téhéran. Il commence à pratiquer le zarb en 1925. À cette époque, jouer du tonbak exposait à des problèmes provenant du mépris des gens vis-à-vis de cet instrument. Malgré cela, Tehrâni avait un tel amour et une foi si sincère en cet art que, sans prêter attention aux difficultés de son époque, il continua à pratiquer le tonbak coûte que coûte. Il a dit dans une interview:
"...à l'époque où j'ai commencé à jouer du zarb, cet instrument était la "bête noire" et tout le monde lui vouait un tel mépris que personne n'avait le courage de s'approcher d'un zarb. Dans un tel contexte jouer du zarb signifiait perdre tout honneur (en prenant en compte que dans une société encore restée très traditionnelle à cette époque, c'était un poids bien plus lourd à porter qu'à paris de nos jours...). C'est de cette manière que j'ai commencé à jouer du zarb. Dès le début j'avais un tel amour pour cet instrument que j'ai supporté tous les blâmes et tout le mépris qu'on m'a porté et j'ai jeté cette dignité superficielle que le zarb était sensé me faire perdre. À ce moment je me suis dit qu'il fallait absolument que je sorte le zarb de cette situation misérable. C'est pour y parvenir que j'ai autant pratiqué et si je dis y avoir passé la moitié des heures du jour et de la nuit, je n'exagèrerais rien."
À partir de 1928, il commence à travailler auprès de Hossein Djân 'Esmâilzâde (joueur de kamântche) et comme à cette époque l'écriture occidentale n'était pas coutumière en Iran, il mémorisait les séquences rythmiques à l'aide de phrases ("balé o balé o ba'alé dige": la langue persane étant très ryhtmique). Puis il travaille avec la plupart des quelques rares joueurs de tonbak connus, même des musiciens errants.
En 1938, il rencontre Sabâ (grand joueur de violon et de setâr, et compositeur), et ils restèrent amis jusqu'à la fin de la vie de ce dernier. Tehrâni a dit: "en dehors de l'écriture que j'ai appris de Khâleqi, j'ai tout appris de Sabâ."
En 1940, à l'ouverture de Radio Téhéran, il commença d'y travailler, ainsi que quelques autres artistes. Et en 1941, lorsque l'école supérieure de musique ouvrira sous la direction de 'Ali Naqi Vaziri, l'enseignement du tonbak y sera assuré par Tehrâni. Mais avec les changements de direction qui y surviendront quelques temps plus tard, l'enseignement de la musique traditionnelle y sera supprimé et les cours de Tehrâni mis en suspens.
En 1948, suite aux efforts des musiciens, Rouhollâh Khâleqi pu ouvrir une nouvelle école de musique traditionnelle: "Honarestân-é Mosiqi-é Melli". Et l'enseignement de Tehrâni pu reprendre.
Sinon Hossein Tehrâni a beaucoup travailler avec l'ensemble de Farâmarz Pâyvar, et a ainsi jouer plusieurs fois à l'étranger (Rome, Paris, Londres...) ou par exemple au festival de Shirâz (où Max Roach l'aurait entendu et se serait demandé comment ce type pouvait faire tout ça avec une pauvre peau de chèvre tendue sur du bois).
Pour ainsi dire Tehrâni a réussi son souhait d'enfant. Il y a même des jeunes tordus qui vont de France à Téhéran pour apprendre l'art du tonbak maintenant...
Alors pour finir, je rajouterai juste que Tehrâni a eu de gros problèmes avec l'opium et que je suis désolé mais j'ai pas trouvé la date de son décès, mais ça doit être vers la fin des années 70.

dimanche 17 juin 2007

Layakar

Layakar est un projet de Kengo Saïto dans lequel nous essayons de fusionner nos influences musicales diverses sans tomber dans le piège si fréquent de juste coller un bout d'indien sur un morceau iranien par exemple. On essaye de trouver un équilibre propre par exemple au sitâr/zarb, de trouver comment les marier véritablement. C'est un peu comme si on cherchait notre propre "tradition".

Radha au lotus

Roopak Rabâbi


impro sitâr et tonbak